Art cynique chinois
Loin des clichés habituels, l'art chinois contemporain est le reflet de la Chine moderne, de ses ambitions et de ses contradictions. Les artistes expriment dans leurs oeuvres les nombreux paradoxes qui caractérisent la société chinoise actuelle : croissance phénoménale de l'économie rendue possible par une main d'oeuvre bon marché venu des campagnes, explosion urbaine, déshumanisation et vide du monde spirituel, richesse fulgurantes, inégalités croissantes, les effets de la censure... un bouillonnement qui ne laisse pas indifférent les artistes, avec ce regard souvent mi amusé, mi cynique sur le develloppement de leur pays.
L'art alimentaire des frères Luo
Paradoxalement cette critique profite amplement aux artistes eux-mêmes. La croissance des prix des oeuvres de la jeune génération chinoise est fulgurante et le nombre d'investisseurs ne cesse de croître. Il suffit souvent de quelques années seulement pour qu'un artiste chinois voie ses prix décupler, et atteignent des records comme pour Xiaogang ZHANG ou Guoqiang CAI pour ne citer qu'eux.
Les artistes chinois, non dénués d'humour «noir», communiquent leur désespoir face à l'évolution de leur société. Leurs visions jouent souvent sur l’ambiguïté qui réside entre la sortie du socialisme et l’attrait critique pour le capitalisme avec les nouvelles libertés mais aussi les contraintes que cela crée.
Et plusieurs artistes de confirmer d'une saine grimace que la pilule ne passe pas. L' Architecte-designer du célèbre stade olympique de Pékin (le « Nid d'oiseau »), Ai Weiwei se promène parfois torse nu à Tian Anmen, le mot « fuck » écrit sur la poitrine.
Un autre artiste chinois a suivi toute la journée une fourmi sur le bitume, traquant ses déplacements avec un zèle absurde.
C'est devenu la mode, ces temps-ci, chez les performeurs du coin : narguer Mao sous son immense portrait.
Les performeurs sévissent ainsi à Pékin. Sans banderoles ni tracts. Juste par happenings et métaphores. Humour noir contre puissance arbitraire. C'est un festival, au sens propre du terme. L'Open Performance Art Festival accueille des centaines d'artistes et de spectateurs. Une faune branchée, venue de toute la planète et réunie dans cette friche mythique, dans le nord-est de Pékin : le 798. Un lieu difficile à décrire, tant par son ampleur (640 hectares) que par ses contradictions (à la fois squat underground et grosse kermesse commerciale). Via Amour en Chine
Mais comment exister dans cette Chine où le mot d'ordre est «enrichissez-vous» ? ! Il n'y a guère de choix que de montrer sa réussite avec ostentation, ou alors; pour les plus nombreux, éviter de perdre la face, se taire et se terrer, disparaitre dans la foule. Photo de l'artiste Li Wei. Plus de photos de Li Wei.
Succes story à la sauce chinoise
Ce sont les nouvelles aspirations de la jeunesse chinoise, une mythologie contemporaine de dévotion au commerce, au glamour de façade et au confort à l’américaine. Oeuvre de Wang Niandong.
Peinture de Zhong Biao
Sculpture de Xiao Yan
C'est ce que nous montre et dénonce les très curieuses photographies de l'artiste chinois Xu Yong.
Le photographe s’est associé à Yu Na une ex call-girl qui entend par cet acte artistique retrouver son intégrité morale et physique en prenant le dessus dans des situations qui font échos pour elle à des humiliations. Tout ça dans une froideur et une épure qui intègre de l'ironie et de l'absurde teintés de morbide.
Dans des mises en scène d’une froideur mathématique l’artiste met en scène sa société moderne dans des espaces blafards et transpose en espace rituel les nouveaux lieux du quotidien de l’entreprise. Les bureaux se transforment en autel, les smokings sont les uniformes d’une armée impersonnelle et figée, violente dans sa passivité et sa transparence.
En opposition à ces hommes une jeune femme, nue ou peu habillée prend la pose, mannequin imperturbable dans des postures on ne peut plus clichées.
La photo au drapeau est très symptomatique d’une mutation, là où le passé maoïste cède la place à une Marilyne chinoise, blonde et dévêtue, une icône autrement plus attrayante dans la Chine d’aujourd’hui… égérie qui ne diffuse pour autant de réelle sensualité, d'émotion ni même de vent de liberté.
Et puis il y a ceux - dans ce gros milliard d'habitants - qui se sentent perdus, laissés pour compte, oubliés, invisible. Un peu comme, le jeune artiste performer Chinois Liu Bolin qui se cache et se fond dans le décor pour finalement y faire corps, devenir une vision anonyme, une empreinte invisible devant un buldozer arrogant, une puissante et vieille locomotive, ou d'autres décors de la Chine contemporaine.
L'art du camouflage, réalisé sans trucages photos, mais avec de «simples» peintures sur corps.
L’urbanisation est probablement la tendance la plus importante dans la Chine actuelle et un sujet majeure de préoccupation pour les artistes chinois. Les huiles de Wang Guangyi, par exemple, évoquent l’art pop occidental, mais elles utilisent les images de travailleurs, de paysans et de soldats, typiques de la révolution culturelle, pour critiquer la commercialisation et la mondialisation comme des produits étrangers qui affluent au pays. Ci-contre installation de l'artiste Liu Jian Hua.
Réalisme cynique de Yue Minjun 岳敏君 (1962 -)
Yue Minjun est un des artistes les plus influents de l’école du Réalisme Cynique en Chine. Son travail est caractérisé par son propre rire comme image de base pour ses peintures, sculptures et installations.
Les personnages donnent l’impression qu’ils ont perdu tout jugement rationnel. Il y a un parallèle avec le thème du fou des peintres flamands de la Renaissance comme Bosch et Bruegel, qui faisaient la satire de l’ignorance de l’Eglise et du contrôle de la religion sur le peuple.
Les peintures de Minjun veulent provoquer le rire. Il représente des scènes absurdes de la vie pour ridiculiser la société. Son travail tire ses origines d’une profonde désillusion politique. Il traite des notions de liberté civile et d’autonomie individuelle avec une dose de cynisme Technicolor. Minjun reconnaît que ce cynisme a le pouvoir de manipuler le comportement des êtres humains par intimidation ou terreur.
Vente à la baionnette !
À la baïonnette ou «execution» est le titre de ce tableau satirique représentant des condamnés en sous-vêtements et complètement hilares devant un peloton d'exécution tout aussi joyeux. Lors de sa vente aux enchères chez Sutherbys en 2007 ce tableau a atteint le prix de 4,2 million d'euros le plaçant comme l'oeuvre la plus chère de l'histoire de l'art contemporain chinois
Les tableaux de Yue Minjun mettent en scène l'anxiété contemporaine et exprime la violence de notre société. A mi-chemin entre la caricature, l'esthétique pop et l'illustration, ses images grotesques font la part belle aux couleurs acides comme aux figures riantes. Yue Minjun est présenté dans les galeries du monde entier.
La Chine en faces de Zhang Xiaogang (1958 -)
Zhang Xiaogang est célèbre pour ses séries Bloodline, portraits stylisés et souvent monochromatiques (noir et blanc) de familles chinoises. Les poses rappellent la tradition chinoise des portraits familiaux de la Révolution culturelle, et les compositions du surréalisme européen. Les critiques ont salués ses peintures comme des "portrait de l'âme chinoise moderne" .
Il peint des portraits de famille énigmatiques et figés, une atmosphère pesante, des tons gris et noirs, que traverse une discrète mais troublante ligne rouge-sang, la récurrence d'un visage de garçon rougi, un trait de lumière qui magnifie presque ces visages inconnus.
Enfant de la Révolution Culturelle, il a sans doute puisé son inspiration dans sa propre expérience familiale de cette tragédie. "Sur la toile, ces visages ont l'air calme comme de l'eau. Mais en dessous, se trouve un immense trouble émotionnel", déclare l'artiste, pour qui la psychologie des Chinois d'aujourd'hui est toujours liée à celle de l'époque. Pour lui, la série d'oeuvres intitulée Blood line : the big family, du début des années 1990, et inspirée par de vieilles photos de famille, interroge aussi la place de l'individu dans la famille et la société modernes chinoises. Cette ligne rouge unit les individus, elle est aussi un lien dont personne ne peut se défaire.
Sa carrière artistique de ces dix dernières années a été fulgurante. Il est devenu le chouchou de galeristes et de collectionneurs à Taiwan, à Hong-Kong, en Europe et aux Etats-Unis. Hissé à la première place des artistes contemporains chinois, il crée toujours l'événement dans les ventes aux enchères d'art contemporain chinois. Anne-Laure FOURNIER via Blogg.org.
Le rire jaune de Fang Lijun 方力鈞 (1963 -)
Fang Lijun est un artiste qui appartient à la jeune génération de l'avant-garde contemporaine chinoise. Il est sans doute l'artiste chinois vivant le plus connu, et également l'un des plus chers.
Fang Lijun est connu pour ses très grandes toiles dominées par des têtes d’hommes chinois au crâne rasé, en gros plan, souvent bouches ouvertes.
Les visages tourmentés sont comme un cri, un élan de libération, une identité affirmée en même temps sur fond d'impuissance et de profond désarroi.
Liu Ye (1964 -)
Les peintures de Liu Ye sont à la fois teintée d'humour, de tristesse et d'une légère ironie, un peu hors du temps.
Ling Jian (1963 -)
Shut....
Petite beauté insolite de Zhang Peng (1981 -)
Etranges et pas très rassurantes les oeuvres du jeune artiste Zhang Peng, mais celles-ci ont le mérite de nous plonger dans un univers décallé, proche du lolita gothique, en abordant le problème délicat des enfants chinois, à la fois adulés et pressurisés par les parents et l'éducation.
A suivre....
Affichage des articles dont le libellé est peintures chinoises. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est peintures chinoises. Afficher tous les articles
Art cynique chinois
Art alimentaire
Radeau de la patate
Mort aux grosses legumes !
Execution en rang d'oignons
Dissection alimentaire
Napoléon
Fast food nation

Au pays du soleil levant
L'empire du milieu standardisé
Libellés :
art,
art chinois,
legume curieux,
peintures chinoises
Inscription à :
Articles (Atom)